Séjour d’un « con » à la maternité (2)

25 septembre 2014

Séjour d’un « con » à la maternité (2)

Les images de cette nuit horrible défilent encore et toujours dans mon esprit. A chaque fois, je comprends jusqu’où la cupidité et l’égocentrisme d’une mère peuvent conduire sa fille à la mort. Les choses des « mapanes ».

A la maternité
A la maternité

Ma grand-mère me disait toujours que « Dieu ne dort jamais. Il veille sur ces enfants ». Et je crois maintenant que c’est vrai. N’allez pas croire que ce sont les témoins de Jéhovah qui m’ont rendu visite ce matin à domicile qui m’ont convaincu. Jamais ! C’est parce que la supposée « femme enceinte » d’hier (l’article ici) a été démasquée à temps.

Mon amitié s’est renforcée avec les infirmières du secteur maternité. Entre la pharmacie et la salle de mon malade, je faisais toujours un détour au bloc d’accouchement. Ne me soupçonnez pas, c’est un instinct naturel. On se racontait tout et rien. Ce soir, juste avant la rencontre foireuse des Lions indomptables du football face au Portugal (match joué le 4 mars 2014, Ndlr), j’étais à nouveau au bloc d’accouchement. Il y avait toujours les mêmes refrains, comme la veille, des femmes en travail. Vraiment, l’accouchement n’est pas facile. En une fraction de secondes, une femme peut faire 10km (sur place) juste par ses va-et-vient.

« Elle tue sa fille par égoïsme »

Je discutais tranquillement avec Florine, une stagiaire de cinquième année médecine. Au moment de prendre son numéro de téléphone, une quinquagénaire surgit de nulle part. « Tchan ! ». Je ne sais pas comment elle a atterrit dans cette salle. Mais, elle était là. Respirant comme le moteur du vieux camion de Mamadou qui a du mal à avaler une pente. S’en suit une conversation donc je suis le principal observateur.

La dame : Bonsoir ! Pardon, je veux voir le médecin. Ma fille est vraiment souffrante (En fait, sa fille est arrivée à l’hôpital dans l’après-midi aux environs de 15h).

Florine (la stagiaire) : Qu’est ce qu’elle a votre fille ?

La dame : Elle ne va pas bien. Son corps prend du volume

Florine (la stagiaire) : Une minute, j’appelle le médecin. Il est entrain de consulter une autre malade.

Quelques minutes après, le médecin est arrivé. Après des consultations minutieuses, le médecin annonce une opération chirurgicale urgente. La situation s’est compliquée entre temps. C’est ici que l’incroyable se produit. On dirait « l’acteur » qui a, comme par magie, pris le dessus sur le chef bandit. Dans le portefeuille que tient la quinquagénaire, des billets de banques sont rangés dans un ordre admirable. Si j’étais braqueur, elle devait me sentir. Heureusement pour elle. Pour l’opération, il faut acheter le kit (c’est le nécessaire médical) évalué à 47.000 Fcfa. La mère jure mordicus qu’elle n’a pas vu 5 Fcfa avec l’œil depuis plusieurs semaines.

Le médecin : Dis-nous combien tu as maintenant. Qu’on avance pour le kit et le reste, tu paieras plus-tard.

La mère : Je vais réfléchir !

Le médecin : Le cas de ta fille est critique madame. Le kit ne m’appartient pas sinon, je t’aidais. Dis-nous combien tu as sur toi.

La mère : Je vous ai dit que je vais réfléchir

Le médecin : Prend ton temps, va t’asseoir sur le banc des visiteurs là-bas et réfléchis bien le temps que je m’occupe des autres.

Le temps de réfléchir, la fille allongée sur un morceau de matelas a même le sol a rendu l’âme.

Après cet instant de réflexion, la dame est venue trouver sa fille emballée dans un linceul. Elle avait rendu l’âme entre temps. Le fœtus aussi.

Le médecin (de retour dans la salle) : Madame, retourne dans ta réflexion avec son cadavre.

Chose curieuse, elle a immédiatement sorti de l’argent pour qu’on mette provisoirement le(s) corps à la morgue. Le temps d’alerter la famille. Je me suis levé tout doucement, les larmes aux yeux, pour rejoindre la chambre de mon malade. En passant, j’ai oublié de vous dire ce qui s’est passé quelques minutes plutôt avec le vigile en faction. Celle là, on en reparle demain.

Frank William BATCHOU

Spéciale recommandation Papy Anza – Meesanedi

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