Séjour d’un « con » à la maternité (1)

Article : Séjour d’un « con » à la maternité (1)
Crédit:
24 septembre 2014

Séjour d’un « con » à la maternité (1)

Durant cette période, j’ai vu des choses. Les femmes enceintes qui meurent comme des poules de ferme. Celles qui viennent dérober des enfants prétextant une grossesse, etc. Bienvenu dans le voyage !

A la porte d'un autre univers
A la porte d’un autre univers

Je sais que ça vous étonne. Enormément d’ailleurs. Et ce n’est que logique. Que faisais-je dans une maternité et pendant une semaine ? D’autant plus que l’homme n’enfante pas. Bon, en dehors d’Arnold Schwarzenegger dans son film « Junior » sorti dans les années 90. Je n’enquêtais pas sur l’affaire Vanessa Tchatchou, hein. Le père Tchiro, porte-parole d’un gouvernement « nkunkumastique », nous avait déjà dit que l’enfant (volé) est enterré à Nkoteng. De même, je n’ai pas encore changé de métier. J’assurais juste la garde d’une liane. Celle la plus proche de mon pied. Pour les détails, je vous en épargne.

Dans les coulisses de l'hôpital
Dans les coulisses de l’hôpital

Hôpital central de Yaoundé. J’y ai débarqué dans la nuit. Il est pratiquement 22h. Je suis trempé jusqu’au slip. Ordinateur et appareil photo touché. Dehors, il pleut des cordes. Le vigile du secteur m’interdit l’accès. Tous les mots utilisés pour l’amadouer sont vains. Les derniers mots que je possède encore dans ma besace sont ceux destinés à la drague. Comme si j’en faisais tellement, tsuip !! Malheureusement pour moi, la fille (vigile) qui était là depuis vient à peine de céder son siège à son collègue. Je suis donc obligé de trouver un gîte pour passer la nuit. Tous les coups de fils passés n’aboutissent à rien. Décidément, la chance n’est pas de mon côté ce soir. Après avoir passé deux bonnes heures dans le bus entre le péage de Nkomotou et Etoudi. La faute au mauvais stationnement des chauffeurs. Je revenais de Bangangté ou, quelques heures plus-tôt, j’ai participé en tant que coach, à une journée de renforcement des capacités de 100 élèves du département du Nde pour une meilleure orientation académique. C’était avec l’association NEFA (Nde en Force Adi). Après un tour au quartier Madagascar, je ne vous dis pas ou j’ai passé la nuit. L’important est de dormir jusqu’au matin.

« Tu es une voleuse de bébé »

Le lendemain, je suis revenu. Sans opposition, j’ai commencé mon nouveau job. Celui de garde-malade. Pas facile. Je suis devenu insomniaque, même quand le bébé et la maman dorment. Pour ne pas m’ennuyer, je fais un tour au bloc d’accouchement. Ce sont les cris et les pleures des femmes que tu veux entendre !! Morceaux choisis : « Maman oooh, qui m’avait envoyé ? », « Docteur, je n’accoucherai plus de ma vie »… Celles qui ne bavardent pas, sifflotent. Parfois, elles se déshabillent comme si elles étaient frappées de démence. « Ce sont les effets du travail. L’accouchement n’est pas facile mon petit », me disent à chaque fois mes nouveaux amis ici. Des médecins accoucheurs. Ce mardi, une femme arrive accompagnée de sa camarade. Elle a un ventre plat comme si un dameur était passé dessus. « Je suis venue accoucher. J’ai des contractions. J’étais dans un hôpital du quartier et on m’a transféré ici », dit-elle au médecin. Elle n’a aucun document de transfert sur elle. Après un touché, le constat est clair : elle n’est pas enceinte. Après vérification, tous les documents médicaux présentés par elle sont faux. C’est à coup de bâton qu’elle a été chassée. Il fallait voir comment elle courrait. Une femme dite enceinte. Hum ! « C’est comme ça qu’elles viennent voler les bébés dans les hôpitaux. D’autres viennent là boire mystiquement le sang des mamans. Après, on se plaindra des décès à l’hôpital », vocifère le médecin. Et ce n’est que le début de l’aventure. Rendez-vous demain pour la suite.

Frank William BATCHOU

A écouter : Papy Anza – Meesanedi

Partagez

Commentaires